mardi 28 février 2017

Le premier registre paroissial du Québec.


Je me suis demandé qui remportait la palme du premier mariage célébré au Québec. Voici mes découvertes.
Les répertoires les plus anciens datent de 1621 et ont été écrit à la paroisse Notre-Dame de Québec. Il avait un répertoire pour les mariages, un pour les baptêmes et un pour les sépultures. Cependant, on peut lire ceci au tout début de chacun des registres :

« Catalogue des (baptêmes ou mariages ou sépultures selon le registre) faicts a Quebec depuis env. 1621 jusques a 1640 : dont le livre avoit esté bruslé le 15 juin 1640 en l’Incendie de la Chapelle et Maison; Et peu apres on rechercha de mémoire des particuliers. »

Le premier mariage

Le premier mariage consigné « de mémoire » est celui de Guillaume Couillard et Guillemette Hébert. Il existe une possibilité qu’un mariage ait eu lieu avant et qu’on l’ai tout simplement oublié lors de la transcription par mémoire.

Voici une transcription de l’inscription : « le 26 août ou env. 1621. Les bans ordinaires estant faits et ne s’estant trouvé aucun legitime epeschement Le P. Georges Recollet faisant fonction de curé à Quebec apres avoir Interogé ouy et recu le mutuel consentement a solonellement marié et conioint en le lien du St Mariage Guillaume Couillard et Guillemette Hebert. Presens Mon  Samuel de Champlain Gouverneur, et Eustache Boullay beaufrere de Mr Champlain. » Pour consulter l’acte original sur Family Search, cliquez ici.

Le mariage qui suit directement l’inscription de l’union de Couillard et Hébert est celui de Guillaume Hibou et Marie Roolet le 16 mai 1629. Un décalage de 8 ans… Il y a sûrement eu au moins un autre mariage pendant tout ce temps! Ils seront oublié dans l’incendie…

Le premier baptême

Le premier baptême que j’ai trouvé est celui d’Eustache Martin, baptisé le 24 octobre 1621 à Québec, toujours transcrit par mémoire. Le voici :

«  Le 24 octobre 1621 Le P. Denis Recollet (note : Récollet est la communauté religieuse dont le Père Denis faisait parti) faisant  fonction de Curé a Quebec baptisa Eustache fils d’Abraham Martin dit Lescossois et de Marguerite …. (note : le mot est illisible, on dirait qu’il est biffé) Langlois. M. Eustache Boullay fut parrain et Guillemette Hebert épouse de Guillaume Couillard » Pour consulter l’acte original sur Family Search, cliquez ici.

Encore là, il ne serait pas surprenant qu’il y ait eu un baptême plus ancien qui a été simplement oublié. Le baptême qui a été inscrit tout de suite après est celui de Marguerite, la sœur d’Eustache. Ce deuxième baptême a eu lieu 3 ans après le premier! Il est aussi intéressant de noter la mention de Guillemette Hébert et de son mari.

La première sépulture

La première sépulture à Québec consignée est celle d’une algonquine. Voici la transcription :

«  Le 20 janvier 1640 mourut une Algonquine agee d’environ 80 ans et ce sur le chemin comme on l’amena de Sillery à l’hospital. Le lendemain (?) elle fut enterree au cimetière de Kebec par le P. Nicolas Adam de la Compie (compagnie) de Jesus. »

Le 24 mars suivant, ce fût le tour de « Sauvagesse nommée Martine ». Le 16 avril, c’est « un Sauvage nommé Lazare ». C’est seulement ensuite qu’on a enregistré les premiers colons, en 1640. J’ai eu un peu de difficultés à faire la transcription, mais on comprends tout de même l’histoire que le prêtre nous raconte :

« Le premier jour de may Le P. Claude Pijart paysan de N.D. des Anges a Kebec dedans un Canot (?) risque sa vie. Deux le (?), qui le paysan, furent noiés (note : noyés) par le renversement du Canot L’un nommé Pierre Vache du Païs des Caud (note : Caux) L’autre Jean Ameline de Rouën, on l’appellait communément Rougot (Lorsque?) diligence, qu’on (sait foi?), on ne put retrouver les corps, Les marées basses étant si rapides que le courant de l’eau ne souffrit jamais La sonde. Ainsy sont ils demeurè sans sepulture. Rougot fut retrouvé et enterré à N.D. des Anges Le jr (note : jour) de la Pentecotes Pierre Vache (?) un mois après leur noiement (note : noyade)

Je n’ai rien trouvé qui date d’avant 1640 à Québec. Transcription des mémoires perdue ou inexistante? J’imagine qu’elle a été perdue… Pour consulter l’acte original sur Family Search, cliquez ici

Si la sépulture la plus ancienne enregistrée n'est certainement pas à Québec. En cherchant, j'en ai trouvée une qui a été consignée à Trois-Rivières en 1634, première inscription dans le registre de la ville nouvellement fondée.

«Le 6 février 1634, mourut Jean Guiot surnommé Négrier natif du bourg de Chambois en l’evesché de Sée en Normandie. il fut enterré au cimetiere de ceste habitation désigné par les Pères susnommez de la Compagnie de Jesus, il avait esté confessé recu le St Viatique et fortifié de l’extreme onction par le père Paul Lejeune de la mesme compagnie. » 

Le registre est difficile à lire à cause de la graphie. J’ai fais la transcription à l’aide de celle présentée sur Ancestry. Pour consulter l’acte original sur Family Search, cliquez ici.

Pour éviter la perte d’informations

L’incendie de 1940 à Québec nous prive d’éléments essentiels pour nous, généalogistes. Mais vers 1679, les prêtres consignaient les sacrements en deux copies. Ils gardaient une copie à la paroisse et une aux autorités civiles. Ainsi, le risque de pertes d’informations dû aux incendies, aux inondations, aux dégâts d’eau, à la moisissure, aux guerres, aux vols ou tout simplement par égarement de pages à grandement diminué.

Les prêtres ont procédés de cette manière jusqu’en 1994. À ce moment, les naissances et décès sont rapportés à l’état civil par les hôpitaux, maisons de soins, maisons de naissances… les mariages sont consignés sur un formulaire envoyé à l’état civil par le prêtre ou tout autre maitre de cérémonie. Nous pouvons déjà consulter certaines bases de données comme l’index consolidé des décès au Québec de 1926 à 1996. Ceci a le mérite de répertorier tous les événements, peut importante la religion ou l’absence de croyances de la personne. Un plus pour les généalogistes de demain.


Sources :

Vous pouvez consulter l’index consolidé des décès du Québec de 1926-1996 et celui des mariages du Québec de 1926-1996 dans un des centres de Bibliothèque et Archives nationales du Québec de votre région. Pour trouver un centre : http://www.banq.qc.ca/outils/nous_joindre/index.html





vendredi 3 février 2017

Qui est la mère de Pierre Georges Dauphin? Mystère...

Je fais actuellement une recherche pour trouver le nom des parents de Pierre Georges Dauphin, marié à St-Eustache le 10 mai 1790 avec Marie Beauchamps. Je sais que le nom de son père est Pierre Dauphin puisque c’est inscrit sur son acte de mariage. Mon problème était (et est toujours) de trouver le nom de sa mère.

Pierre Dauphin…

Celui qui est le père de Pierre George est marchand. Il est arrivé en Nouvelle-France avant 1753. Je n’ai pas trouvé le bateau sur lequel il avait embarqué, peut-être qu’il est arrivé par Louisbourg plutôt que Gaspé. Ça expliquerait le manque d’informations sur son voyage.

Son père s’appelle Berthelemy Dauphin, il était capitaine de bateau. Sa mère, c’est Marie Nicolet. Pierre serait né en France en vers 1712 dans le village de St-Étienne en Languedoc.

Pierre s’est marié deux fois. La première  fois avec Marie Angélique Guillemot  le 21 novembre 1758 à Québec. Cette femme avait déjà environ 48 ans lors du mariage. Beaucoup suppose que c’est la mère de Pierre Georges, j’ai des doutes. Pierre George est décédé le 17 janvier 1846 à l’âge de 82 ans ce qui donne comme année approximative de naissance l’an 1764. Marie Angélique avait donc environ 54 ans à la naissance de Pierre Georges. Ce n’est pas improbable, cependant, on estime que les femmes de l'époque étaient, en moyenne, ménopausée vers 45 ans.

Yves Landry et Jacques Légaré ont fait une étude statistique sur le cycle familial en Nouvelle-France (voir les sources plus bas). Dans leur échantillon d’étude, seulement 1.1% des femmes avaient leur premier bébé après l’âge de 25 ans. Ce n’est pas beaucoup.

Marie Angélique est décédée le 12 mai 1774 à l’âge de 64 ans . Ensuite Pierre s’est remarié avec Thérèse Sévigny le 25 juillet 1774 à Lanoraie . Il y a eu un contrat de mariage notarié. Le PRDH (Programme de recherche en démographie historique de l’Université de Montréal) nous apprends qu’il est spécifié dans l’acte de mariage que Pierre Georges est le fils naturel de Pierre. Ceci veut dire que Pierre est véritablement le père de Pierre Georges, mais que celui-ci est né hors mariage. Ce qui élimine une fois pour toute Marie Angélique comme mère légitime potentielle.

J’ai donc chercher des enfants né en 1764 et qui seraient illégitimes. Aucun ne correspond au profil de Pierre Georges. Je n’ai pas trouvé non plus d’enfants illégitime à Thérèse. J’ai vérifié ce détail parce que je trouvais qu’il n’y avait pas eu beaucoup de temps passé entre le décès de Marie Marguerite et le remariage de Pierre avec Thérèse.

… Et un soldat nommé Dauphin

J’ai trouvé le baptême de Pierre Dauphin, fils illégitime de Dauphin, un soldat. Je me suis demandé si c’était le bon… Mais non. 

Voici une transcription de l’acte en question. Le baptême à eu lieu à Longueuil le 7 septembre 1755 soit presque 10 ans avant le baptême de Pierre Georges. La description du prêtre vaut le coup d’œil :

« L’an de (n-s?) mil sept cent cinquante cinq, le septième septembre a été baptisé Pierre, né aujourd’hui du nommé Dauphin, soi disant soldat demeurant alors chez L’Ange Drusson mère de Marie Joseph Drusson mère du dit enfant. Le dit soldat a disparu. Les parrain et marraine ont été Pierre Deniau et Marie Elizabeth Poutre qui ne signent. »

L’année ne concorde pas avec la supposée date de naissance de Pierre Georges et notre Pierre Dauphin est un marchand depuis au moins 1753. C'est l'année du premier acte notarié que j’ai trouvé portant son nom. 

J’ai quand même essayé de voir qui était le soldat pour comparer le nom des parents. J’en ai trouvé cinq :

1- Gaspard Dauphin dit Dauphin
Soldat au régiment de Berry, compagnie de Troroux en 1757, né en France.

2- Jean-Gervais Dauphin dit Dauphin
Soldat au régiment de Béarn, compagnie de Trépezec engagé le 27 février 1753. Il est né en 1735 à Paris. Il est le fils de Jean Dauphin et Hélène de Belard.

3- François Dauphin dit Sanscartier
Soldat au régiment de Guyenne, compagnie de Manneville en 1758. Né en France.

4- Pierre Malafosse dit Dauphin
Soldat au régiment de la Reine, compagnie St-Germain. Né vers 1732 en France. Il est le fils de Henri Malafosse et Marie Combernoux. Marié en 1759 avec Marie-Anne Rouillard. Décédé en France après 1760.

5- Georges Rogon (ou Rojon) dit Dauphin
Soldat des troupes de la marine. Né en 1734 à St-Clair-de-la-Tour, France. Ses parents sont Antoine Rougeon et Catherine Ulard. Il s’est marié en 1759 avec Félicité Perron. Décédé à Château-Richer en 1761.

Aucun est le fils de Barthélemy Dauphin et Marie Nicolet. Donc ce bébé Pierre Dauphin n’est pas Pierre Georges. Dommage, on aurait enfin pu connaître le nom de sa mère…

Si jamais vous avez fait une découverte sur le sujet, n’hésitez pas de nous le partagez dans les commentaires!

À bientôt!


Sources :

« Combattre pour la France en Amérique; Les soldats de la guerre de sept ans en Nouvelle France » par le Projet Montcalm sous la direction de Marcel Fournier, Société généalogique Canadienne-Française, 2009

Fichier origine : http://www.fichierorigine.com/


Généalogie Québec : https://www.genealogiequebec.com/fr/

Fichier Parchemin : Dans les locaux de BAnQ, fichier de recherche d’actes notariés.


Texte «  Le cycle de vie familiale en Nouvelle-France : méthodologie et application à un échantillon » de Yves Landry et Jacques Légaré : http://hssh.journals.yorku.ca/index.php/hssh/article/viewFile/38403/34795