jeudi 21 décembre 2017

Quand Charles Garnier a voulu raser Jésus….


Un petit sujet léger pour le temps des fêtes J

Mais tout d’abord, on va se pencher sur l’histoire personnelle de Charles, ça va nous aider à comprendre ses motivations.

Charles est né en 1606 à Paris et a été baptisé à la paroisse Saint-Gervais. Ses parents étaient Jean Garnier et Anne Garault. C’était une famille assez haut placée dans la société puisque le travail de Jean était sous-secrétaire du cabinet d’Henri III et maître des comptes en Normandie. Anne, est née dans une famille noble d’Orléans.

Charles a étudié au collège Clermont, à Paris. Il est ensuite entré au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1624.C’est en 1635 qui a été ordonné prêtre et qu’il a été assigné à exercé le travail de missionnaire en Nouvelle-France. Il est arrivé à Québec le 11 juin 1636. Dès le mois de juillet de la même année, il a accompagné le Père Chastellain au pays des hurons. Comme il est arrivé à la fin d’une période de sécheresse, avec la pluie, les autochtones lui ont donné le nom de Ouracha (qui donne la pluie).

La vie était difficile pour lui. Maladie, long voyage, météorologie difficile… Et lui qui était de constitution fragile! Mais rien n’arrêtait son ardeur et son désir de convertir et « sauver » les âmes amérindiennes. C’est lors de ces missions qui lui ai venu une idée…

Il avait bien sûr remarqué que les autochtones n’avait pas la pilosité européenne. Pas de barbe, cheveux noirs et lisses… Et eux non plus, n’ont pas tardé à remarquer le poils couvrant le visage des blancs.

La pilosité des européens était une grande source de railleries chez les autochtones. En effet, pour eux, c’était un signe de malpropreté.

Charles, lui n’avait pas ce problème. En effet, il était imberbe. Peut-être qu’il avait déjà plus de facilité à prendre contact avec les tribus grâce au poils inexistant… En tout cas, les rumeurs racontent qu’il était heureux, parce qu’en Europe, c’est lui qui subissait les railleries à cause qu’il n’avait pas de barbe!
© Jésuites EOF

Alors, que croyez-vous que les amérindiens pensaient lorsqu’ils voyaient des images de Jésus, avec sa barbe? Je me mets à leur place, comment adorer un dieu poilu? Charles avait remarqué l’obstacle et avait eu la brillante idée de montrer des images de Jésus imberbe.

C’est alors qu’il a écrit à son frère qui était carme. Il lui a demandé des images de Jésus sans poils (ou très peu), jeune (environ 18 ans). Il demande aussi d’autres images avec d’autres personnages qui sont de profil avec les yeux ouverts et le visage tourné pour qu’on le voit au complet. Qu’ils ne portent pas trop d’habit et que certaines parties du corps soit découverte Il demande aussi que les cheveux soient lisses et répète l’idée de l’absence de barbe. Il continue avec l’absence d’animaux et d’arbres, qu’il veut du rouge et du bleu éclatants, mais pas de jaune ou de vert, parce que, apparemment, les autochtones n’aiment pas ces couleurs. Il en rajoute avec les expressions du visage et les auréoles…

L’idée est, quant à moi génial. On voit ici un européen qui veut adapter ses idées pour mieux les faire passer…

Malheureusement, on ne sait pas si Charles a reçu les images demandées. On peut lire sa correspondance avec son frère, c’est publié dans le Rapport de l’Archiviste de 1929-30.

Sa demande a été faite dans une lettre écrite vers 1645. Le 12 août 1649, il remercie sa frère pour des tableaux et images que celui-ci lui aurait envoyé. Mais est-ce que c’était les images du Jésus sans barbe? Plusieurs lettres de sa correspondance a disparue, c’est un mystère que les historiens cherchent encore à élucider.

J’aurais voulu vous montrer une image de l’époque avec un Jésus répondant aux exigences de Charles. Je n’en ai trouvé aucune. J’ai même écris aux jésuites, espérant qu’ils aient quelque chose dans leurs archives, rien non plus de ce côté.

Cette demande n’est pas un événement majeur de la vie de Charles Garnier. Il était un missionnaire acharné, un des Saints Martyrs canadiens.

Le 7 décembre 1649, il est pris entre les feux des iroquois et les Tobacco (aussi appelé Pétuns). Lors de la bataille Charles a reçu une balle dans l’abdomen et une autre à la poitrine. On dit qu’il a tout de même voulu donner l’absolution à un amérindiens mourant. C’est à ce moment qu’il a reçu un coup de tomahawk sur la tête. Peut-être même deux.


Il a été béatifié le 21 juin 1925, avec 7 autres missionnaires jésuites. Le 29 juin 1930, le pape Pie XI l’a canonisé.

Le prochain billet sera publié le 31 janvier. Je ne sais pas encore le sujet, ce sera une surprise!

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