mardi 3 octobre 2017

La fin du monde de 1663

Pardon, mon article arrive une semaine en retard! La rentrée scolaire et la confection des costumes d'Halloween de mes garçons ont pris beaucoup de mon temps. Mais voici, comme promis, mon article sur le tremblement de terre de 1663.

Le 5 septembre 1663 à été une très belle journée, au point de vue de la météo. Mais vers 17:30, tout bascule, la terre s'est mis à gronder et trembler. La poussière, épaisse, se soulevait... C'était probablement le tremblement de terre le plus violent de l'histoire humaine qui a secoué le Québec et une partie des États-Unis.

Beaucoup d'encre a été coulé sur le sujet. Il y a une multitude d'écrits scientifiques qui décrivent le tremblement de terre. Ce qui m'intéresse ici, c'est plutôt la réaction des contemporains et la place que la religion a eu pour expliqué l'événement.

Bien sûr, on n'avait pas d'instruments pour mesurer le tremblement de terre, on ne peut donc pas l'évaluer sur l'échelle de Richter. On l'a plutôt mesuré sur l'échelle de Mercalli qui se base sur les observations et le vécu. Les secousses de 1663 se situent entre 7 et 9 sur l'échelle de Mercalli. Voici comment on sentirait ces secousses aujourd'hui: "Les gens ont du mal à tenir debout. Les conducteurs sentent leur voiture secouée. Quelques meubles peuvent se briser. Des briques peuvent tomber des immeubles. Les dommages sont modérés dans les bâtiments bien construits, mais peuvent être considérables dans les autres.(1)" C'est aussi l'équivalent au tremblement de terre du 25 novembre 1988. Celui-ci était de 6 sur l'échelle de Richter et de 7 sur celui de Mercalli. Je m'en souviens encore de ce dernier, j'avais 11 ans. J'avais eu peur. Et pourtant, je n'étais pas sur l'épicentre! Certains scientifiques croient même depuis quelques temps que le tremblement de terre serait plus puissant que cette estimation...

Les contemporains de 1663 ont bien sûr eu peur. Les superstitions et la religion se devaient d'expliquer l'événement, la colère de Dieu n'est pas à prendre à la légère. Et cette colère faisait bien l'affaire de certains gens d'église.

Depuis un moment, les jésuites demandait aux colons d'arrêter de vendre de l'alcool aux amérindiens. La vente de l'eau de vie aux peuples autochtones était une activité très lucrative mais faisait des ravages au sein des communautés. En plus, les églises n'étaient pas achalandées autant qu'ils auraient voulu...

À partir de ce moment, les bancs d'églises se sont remplis et il y a eu une augmentation de confessions de péchés. Et pour aider encore plus l'Église, plusieurs répliques ont suivies, de février à septembre 1663. Pas aussi fortes que celle du 5 février mais assez pour rappeler au colons que Dieu continue de les surveiller!

L'événement à bien sûr été rapporté en Europe. On voit bien que la peur était bien présente par la description des cris, du bruit assourdissant de coups de canons avant les secousses, d'un homme qui se serait attaché à un arbre, de fissures dans les murs, de portes qui s'ouvrent ou se referme seules, des cloches qui se mettent à sonner, d'éboulis... La création de la région des Éboulements... Le tout rapporté entre autre par le jésuite Hierosme Lalemant dans ses "Relations" et dans la correspondance de Marie de l'Incarnation à son fils Claude. 


On se mit même à chercher des événements précurseurs! Des amérindiennes catholiques et une religieuse aurait eu des prémonitions. En 1662, il y a eu une comète et en janvier 1663, les colons ont pu observer le phénomène de parhélies (c'est un effet d'optique qui donne l'impression qui'il y a trois soleils dans le ciel).


Bien que le tremblement de terre ait eu des répercutions dans la vie des colons de l'époque, l'histoire s'est surtout penché sur les causes et répercussions scientifiques. Mais depuis peu, les historiens se penchent de plus en plus sur l'histoire "sociale". C'est-à-dire, qu'on essaie maintenant de savoir comment les gens vivaient, se qu'ils ressentaient... Le sujet du tremblement de terre de 1663, au point de vue humain, commence à intéresser les historiens. Nul doute que l'événement, un peu tombé dans l'oubli, deviendra un sujet de recherche historique populaire.



Je reviendrais le 25 octobre avec un sujet "hallowenesque": l'histoire de la possédée de 1660. Le sujet risque d'être difficile, c'est pour ça que je me laisse plus de temps pour l'écrire. Je vous souhaite un beau mois d'octobre et vous donne rendez-vous dans trois semaines!


Sources:

https://www.lefil.ulaval.ca/the-big-one-35342/
https://www.republiquelibre.org/cousture/1663.HTM
http://www.diffen.com/difference/Mercalli_Scale_vs_Richter_Scale
(1)https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_de_Mercalli
https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9isme_de_1663_dans_Charlevoix
https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2013-n114-cd0658/69444ac.pdf
https://tolkien2008.wordpress.com/2010/04/25/la-terre-a-tremble-en-nouvelle-france-5-fevrier-1663/
https://www.erudit.org/fr/revues/haf/1982-v36-n3-haf2328/304068ar/
http://www.cihofm.com/nouvelles/L-impact-historique-du-seisme-de-1663-explique-par-une-experte-2013-03-06-05-00
Jacques Lacoursière. « 1663. Tremblement de
terre ou pénitence », Cap-aux-Diamants, no 82
(2005), p. 10-13.
https://www.erudit.org/fr/revues/cd/2005-n82-cd1045506/7067ac.pdf
Lynn Berry. « “Le Ciel et la Terre nous ont parlé”.
Comment les missionnaires du Canada français
de l’époque coloniale interprétèrent le tremblement
de terre de 1663 », Revue d’histoire de
l’Amérique française, vol. 60, nos1-2 (été-automne
2006), p. 11-35.
https://www.erudit.org/fr/revues/haf/2006-v60-n1-2-haf1466/014593ar/
Hierosme Lalemant, « Relation de ce qui s’est
passe de plus remarquable aux missions des
peres de la Compagnie de Iesus en la Nouvelle-
France és années 1662. & 1663 », dans Reuben
Gold Thwaites, The Jesuit Relations and Allied
Documents, Travels and Explorations of the Jesuit
Missionaries in New France 1610-1791. Cleveland,
Burrows Brothers, 1909, vol. 48, p. 58.
(p. 17-179).

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