jeudi 15 juin 2017

M comme Marie, l'esclave - Challenge AZ

M comme Marie, l'esclave...

C'est une histoire incroyable est triste que celle de Marie... On ne sait pas beaucoup de choses sur elle sinon que c'est une amérindienne qui a été capturée et vendue à Jean Claude Boucher de Niverville.

Le drame débute en août 1759. Marie travaillait, probablement à aiguiser un couteau. Avec elle, il y avait Marie Josephe Chastelain, âgée de 22 ans et femme de Jean Claude Boucher de Niverville, et Marguerite Cardin, 51 ans et mère de Marie Josephe Chastelain. Pendant que Marie travaillait, Marguerite lui a donné un autre ordre. Marie n'en pouvait plus. Les femmes étaient très sévère et riaient souvent d'elle. C'est alors que, couteau à la main, Marie s'est jetée sur Marguerite et sa fille pour les frapper. Marguerite a reçu un coup en haut de la poitrine et un autre sur l'épaule gauche. Marie Joseph a reçu le coup sur l'épaule droite et a eu des égratignures.

Bien sûr, les femmes ont crié et alarmé les voisins. On s'est occupé des femmes et pendant ce temps, Marie est monté au grenier pour essayer de se pendre. C'est alors que le lieutenant du roi, Nicolas Joseph de Noyelles de Fleuront arrive avec quatre soldats. Ils trouvent Marie et Joseph ordonne à Théodore Panneton de couper la corde. On peut dire qu'ils étaient au bon endroit au bon moment! On fait venir le chirurgien Alavoine qui constate que Marie est encore vivante et lui fait une saignée... Elle survit!

L'affaire est portée au Conseil souverain la journée même. Durant l’interrogatoire, Marie a dit ne pas connaitre son âge et qu'elle est peut-être née dans un village cristinau (amérindien cree de l'Ontario). Selon ses dires, elle avait donné les coups de couteaux pour faire peur aux femmes et non pas pour les tuer. Elle ne pensait pas mériter une punition pour avoir fait mal à ses maîtresses et elle a ajouté que c'est sans peur ni regret qu'elle a voulu mourir. Durant l’interrogatoire, le Conseil a fait appel à Joseph Cavelier, un interprète. Marie ne parlais pas français, seulement la langue des Outaouais! Le fait de ne pas connaitre le français a sûrement été une source de tensions entre l'amérindienne et ses maîtresses...

Le 11 septembre de la même année, on l'avait condamné à être battue, fouettée et marquée de la fleur de lys. On voulait ensuite la bannir de Trois-Rivières à perpétuité et la condamner à 3 livres d'amende. Je me demande bien comment elle aurait pu payer l'amende puisqu'elle était esclave et qu'elle ne possédait rien (en théorie).

C'est là que le procureur Louis Joseph de Tonnancour est intervenu. Il jugeait la sentence trop douce et demanda appel au Conseil souverain. Il s'est sûrement appuyé sur le Code Noir de la Louisianne et des Antilles pour justifier sa requête. Dans ce code, on stipule que ce genre de délit est passible de la peine de mort.

Le conseil a accepté la requête et s'est réuni le 29 décembre 1759. Une nouvelle sentence est donnée, Marie Sauvagesse doit être pendue et exposée 2 heures sur la place du marché! C'est ce qu'ils ont fait. Ensuite, ils ont jeté son corps à la voirie.

Et que s'est-il passé avec Marie Josephe et Marguerite? Elles ont pu suivre leur convalescence sans être dérangées. Après tout, c'était les maîtresses et elles avaient raison de donner des ordres et punir les esclaves récalcitrants...

Complément d'infos:
Lorsqu'on parle d'un amérindien sans nom de famille dans les registres ou autres archives, ont leur donne le nom de Sauvage(esse) ou de Panis. Il arrivait cependant que certains esclaves autochtones portent le nom de famille de leur maître.


Demain, la noble Marie Catherine Nau de Fossambault, la noble


Sources:
genealogiequebec.info
biographi.ca
Morts tragiques et violentes au Canada: 17e et 18e siècles, tome 2; Les Publications Audiovisuelles; Léonard Bouchard; 1982, p.390 et 391
Deux siècles d'esclavage au Québec; Marcel Trudel et al.; Cahiers du Québec; 2004 (comprend un dictionnaire sur un cd)
http://medarus.org/NM/NMTextes/nm_06_01_auto_00lang.htm


2 commentaires:

  1. Elle voulait se pendre .. on l'interrompt, on la soigne et on la condamne la pendaison ... Triste histoire ! Merci de l'avoir partagée.

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  2. Oui, le suicide était considéré comme un meurtre, même si c'était sur sa personne. On arrêtait la personne coupable d'avoir essayé... Le personne devait se repentir devant Dieu pour être ensuite pendue! Autres temps, autres mœurs. Et cette histoire nous montre bien les injustices liées à la condition sociale.

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